| glorendhel | | Maitre de Guilde |  | | 67 messages postés |
|  Posté le 28-03-2005 à 15:05:15   
| | Chasse de Saint Commode :
Les chasses sont des coffrets destinés à recueillir les reliques d’un Saint. A l'origine, leur forme est issue de celle du sarcophage. Les châsses limousines diffèrent car elles sont soit composées, dans leur structure même, de plaques métalliques ajustées entre elles (elles s’ouvrent alors par le toit), soit formées d'une âme en bois recouverte de plaques émaillées rivetées, au rôle exclusivement décoratif.
La chasse de Saint Commode illustre cette dernière catégorie, puisqu’on peut observer selon l’angle de vue, le bois sur lequel est fixée par de nombreux rivets le travail d’émaux champlevés des ateliers de Limoges. L'émail champlevé, pratiqué surtout au Moyen Age en Limousin, est une technique d'orfèvrerie généralement appliquée au cuivre. Elle consiste à creuser des cavités dans lesquelles sera déposé l'émail en poudre. Après cuisson, l'émail vitrifié se solidarise avec son support. Le ponçage égalise la surface, la dorure masque l'apparence vile du métal. L'enracinement durable de l'émail en Limousin s'explique d'abord par la présence simultanée dans l'environnement local de plusieurs éléments naturels : le socle cristallin peut fournir la silice en abondance; les nombreux gisements métalliques apportent la plupart des oxydes nécessaires à la coloration de l'émail; l'eau, fortement acide, permet un nettoyage efficace des poudres, indispensable à la pureté des couleurs. Le cuivre, matière du support, semble absent du tableau des richesses naturelles limousines, son importation massive n'a cependant laissé aucune trace et sa provenance reste encore un mystère.
La chasse est semblable à une petite maisonnette rectangulaire, et chacune des faces de celle çi correspond à un thème décoratif. Au sommet de la chasse on peu lire ‘inscription :
Face de Sainte marie : [BE]RNADUS : DE MONTE ACUTO : ANCIENCIS : EPISCOPUS : HANC : THECAM : SACRARUM : REL
Face du Christ crucifié : IQUARIUM : SANCTIS COMMODI :
Face représentant le Christ crucifié : La couleur dominante est celle du fond émaillé qui fut teint en bleue grâce à l’adjonction d’oxydes métalliques lors du travail de celui çi. Le bleue renvoie au Ciel et à l’Eau, c'est-à-dire au lointain, à l’immatériel, à ce qui est pur. Couleur du divin, le bleue est aussi le symbole de la vérité, du maintient de celle çi, de la permanence du firmament et de la fidélité. Au coté des formes figurées de la chasse, sont adjoints plusieurs arabesques fleuries, légèrement arabisantes. Les fleurs sont émaillées. En revanches tiges et feuilles sont en cuivre. La forme de ces dernières nous laisse penser qu’il s’agit de pensées, plante de la famille des violacées. On observe sur les pétales les trois couleurs qui caractérisent cette fleur et qui lui donnèrent le nom de « viola tricolor ». La symbolique du chiffre trois comme rappel à la Trinité n’est plus à faire, en revanche dans le langage des fleurs la pensée renvois à la fidélité du souvenir, ce qui vient conforte la théorie qu’il s’agit bien de pensées, si on les rattache à la symbolique du bleue dominant de la chasse.
Ce coté de la chasse, est divisé en deux parties distinctes. L’une haute, l’autre basse.
Dans la partie basse, on observe trois hommes de chaque coté de la scène du christ crucifié. Tout six sont vêtu semblablement et tous sont pied nu. Le pied est la partie du corps chez l’homme qui est en contacte directe avec la Terre. En tant qu’organe du mouvement et de la marche il est aussi le symbole de la volonté. Le pied nu quand à lui, est signe un d’humilité. Parmis ces quatre hommes on reconnaît facilement Saint Pierre grâce aux clefs qu’il tient en main. L’homme qui est à la gauche de Saint Pierre, tient dans sa main, un livre, symbole évident des Saintes écritures et sur lequel est gravé un trèfle. Au moyen age, le trèfle renvoie lui aussi, à la Trinité, mais il arrive parfois qu’on l’associe également à la Vierge Marie. Celui çi possède quatre feuille tel une croix. La symbolique du chiffre quatre est variée. Elle renvoie aux quatre fleuves du paradis, aux quatre âges de la vie (enfance, jeunesse, âge adulte, vieillesse), aux quatre évangélistes, aux « quatre vivants » ailés de St Jean et d’Ezéchiel symbole de l’omniprésence spirituelle de la divinité. Dernière élément à noter sur ses six hommes, on peut s’interroger sur l’attitude de l’homme situer à l’extrême droite de la partie. De la main gauche, celle tenant le livre, il forme un « U » avec le pouce et la main, qui pourrait être interprété, avec prudence toute fois, comme le symbole de l’Universalité des Saintes Ecritures. Dans le même temps, l’individu de la main droite, pointe de l’index « le point de sortie » comme si il invitait le spectateur à détourner son regard ( ?).
Le regard des six hommes est tourné vers la scène centrale représentant le christ crucifié. Au sommet de croix une incription en lettre cuivrée est lisible : IHS-XPS. Le premier groupe de lettre renvoie aux trois premières lettes du nom de Jésus en Grec : Ihsus. Pendant un temps on le confondait avec les mots latins « In Hoc Signo ». Le second groupe de mots compte également trois lettres : XPS. Les deux premières sont en réalité deux lettres grecques, le Chi et le Rho qui sont les deux premières lettres du nom grec de Christ (XPIΣTOΣ). Le « S » quand à lui rappelle sont caractère sanctifié. On notera l’absence des stigmates et de la couronne d’épines. En revanche l’artiste a pris le soin de représenter certains détails de l’anatomie tel que les muscles et les cotes, rappelant ainsi que c’est le Christ-Homme qui est représenté. Le Christ-Divin, quand à lui est suggéré par les deux anges représentés au dessus de la croix. Celui de droite présente d’une main le christ crucifié, alors que de l’autre il pointe du doigt, le ciel, annonçant la prochaine résurrection du Christ pour rejoindre la droite de Dieu. L’autre ange quand a lui nous présente la paume de sa main gauche. Y a-t-il réelle intention de symboliser la « bénédiction de Dieu », puisque celle çi était généralement donnée de la main droite. Dans la Kabbale, la main droite de Dieu correspond à la miséricorde, à la main de la prêtrise, alors que la main gauche symbolise la justice et la royauté. Au pied de la croix sont observé Marie (seul personnage dont les pieds ne sont pas clairement représentés) et Saint Jean-Baptiste.
Tout les personnages sont auréolés (on remarquera la symétrie des couleurs entre les auréoles par rapport au Christ), en revanche cellesu Christ est marqué d’une croix rouge, symbole de Rédemption
Dans la partie haute sont représentés quatre moments de la passion du Christ : Sa prière au Mont des Oliviers (Math. 26.30 à 26.39), sa comparution devant Ponce Pilate (Math. 27.11), sa flagellation (Math. 27.26), et enfin son attente mains enchaînées avant qu’il ne soit mené à Golgotha pour sa crucifixion (Math. 27.33)
Face représentant « Sainte Marie de l’Enfant Jésus » : On retrouve le même décors, et la même division que pour le coté de la chasse représentant le Christ Crucifié. En revanche les personnages sont moins nombreux.
Dans la partie basse, on retrouve les mêmes symboles, les trois doigts de la Trinité, les pieds nus, le livre, la main « bénissant », le doigt pointé vers le ciel et les deux anges. En revanche ceux çi n’ont pas la même fonction. Représentés de plein pied, ils tiennent entre leurs mains, ce qui semble être des instruments, ou plus tôt des porte-voix destinés à répandre la Parole de Dieu. Au centre Marie dîte « de l’enfant jésus » en raison de l’enfant qu’elle porte sur ses genoux. Dans a main droite, elle tient un sceptre, symbole de la puissance et de la dignité suprêmes. Elle est assise sur un trône, dont l’Eglise en fit un symbole de l’enseignement spirituel.
La partie haute quand à elle est entièrement dédié au Saint. Il est étonnant de voir le parallélisme existant entre cette parte et celle rapportant la passion du Christ. De droite à gauche on observe d’abord un homme, subissant sur une croix, les sévices que lui fait endurer un soldat à l’aide d’une serpette. Puis on retrouve la scène de la comparution devant une autorité. Un soldat, comme pour le Christ le tient enchainé. Quand au Juge, il semble être un patriarche ( ?) et il lui présente une statuette représentant un squelette couronné et tenant un bouclier. La symbolique de la mort, et l’attitude de celui qui tient la statuette semble faire dire que le choix ou non de la mort a été présenté au saint. La troisième scène enfin renvoie à la même « attente » que le Christ. L’action est suspendu au moment où l’épée s’apprête à s’abattre sur la nuque du Saint, au moment où il attend la mort qu’il à choisit, de la même manière que le Christ à choisit de mourrir.
Coté avec la petite porte : c’est par cette porte qu’était placé à l’intérieur la relique du Saint, auquel était dédié la chasse. Aujourd’hui les gonds ne sont plus d’origine. Le décor est le même que sur les autres coté, mais le personnage moulé dans le cuivre constitue l’unique représentation figurée. Au tour de lui on retrouve les arabesques fleuries sur fond bleu. On constate une apparente symétrie des arabesques bien qu’elle imparfaite. L’homme correspond au Saint représenté de plein pied. Il tient entre ses mains, un livre, ses pieds sont nus, sa tunique est travaillée de plusieurs « plis » et ciselures en « x ». Sa tête est auréolée de rouge, de vert et de bleue, et des empattements terminaux ont été posés.
Coté Saint à l’épée : Un homme auréolé tiens dans la main gauche l‘évangile et de l’autre une épée dont la lame repose sur son épaule droite. Il est également pied nu. La présence d’une barbe nous laisse penser qu’il ne sagit pas de St Commode mais de Saint Simon.
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