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 Coupe Laconienne représentant le Roi Arcésilas

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Maitre de Guilde
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   Posté le 28-03-2005 à 15:00:44   Voir le profil de glorendhel (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à glorendhel   

Coupe Laconienne représentant le Roi Arcésilas




Cette coupe laconienne (kylix pour les coupes de l’attique), dite d’Arcésilas a depuis sa découverte fait l’objet de nombreuses discussions autant sur son style que sur son interprétation. La date également fut sujette à controverse. Si certain datent avec précision cette coupe aux années 569-568 av. JC, d’autre préfère la date plus tardive de 560. Dans tout les cas, nous sommes en présence d’une pièce produite dans les ateliers Lacédémoniens dans la première moitié du Vie. Siècle av. JC
Conservée aujourd’hui au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale de Paris sous la référence 4899 (N°189), elle fut découverte à Vulci en Etrurie (actuelle Toscane), comme nombre de vases grecs exportés, comme par exemple le vase Athénien d’Amasis conservé également au Cabinet des Médailles : « Dionysos et Ménades » (N° 222).
Cette céramique, faites d’argile et couverte d’un enduit terreux (l’engobe), mesure 29 cm. De diamètre, et 38 cm de diamètre anses comprises, ce qui est déjà une bonne taille lorsque l’on sait par exemple qu’une autre coupe du même artiste « Châtiment d’Atlas et de Prométhée » ne fait que 20,2 cm de diamètre.
Retrouvée sous la forme de fragments dont aucun ne manque, cette coupe reconstituée, est très bien conservée, mis à part quelques endroit où la peinture s’est écaillé, et fut considéré par certains historiens comme un chef d’œuvre de la céramique laconienne.
Les représentations figurées proto-attique anciennes (725-675) ayant pris le dessus sur le décor géométrique du VIIIe siècle, conduisent vers le milieu du VIIe siècle à des représentations narratives. Mais l’influence orientale va s’imposer rapidement sous la forme de frises aux motifs répétés de fleurs ou d’animaux et que Corinthe reprendra pour l’imposer à tout le monde Panhellénique. Dans cette coupe on retrouve bien les deux influences. D’une part par la frise sur les « lèvres » du motif « grenade », ou à l’extérieur du vase, et d’autre par le procédé d’incision que Pline attribue aux Corinthiens Cléanthès et Aridikes, et qui permet par le burin de détailler la structure du corps au lieu de laisser une silhouette opaque ou d’y réserver quelques espaces.
De même, à partir de la deuxième moitié du VIIe les représentations de la vie quotidienne apparaissent dans les céramiques. Avec le VIe siècle, l’art dit « archaïque » se veut plus fidèle à la nature. Il doit l’imiter. La forme proto-classique de la représentation figurée s’épanouie dès le deuxième tiers du VIe siècle. La figure noire raconte désormais des histoires que les grecs connaissent pour l’avoir entendue mille fois, ou bien pour avoir vu celle çi sur des fresques. En effet, la peinture murale contemporaine à cette époque commence à avoir une influence certaine sur la peinture sur vase. Ainsi comme on peu le voir içi, la scène ne s’adapte pas toujours à la forme ronde du médaillon, et semble appartenir à une scène plus grande.

Neuf personnages sont représentés dans les deux parties que l’on distingue. Ils sont au nombre de 6 dans la partie haute et 3 dans la partie basse ; les deux groupes etant séparés par le plancher de la scène du haut, et qui devient « voûte » dans la partie basse. Deux couleurs ont été utilisés pour peindre les personnage : du noir pour la peau et un brun-rouge pour les vêtements. Les détails ont été faits après coup suivant le procédé d’incision que nous avons expliqué plus tôt.
Dans la partie haute, à gauche de la scène, un homme plus grand que tout les autres sièges sur un trône placé sous une toile tendue. Il porte une coiffe traditionnelle africaine et tient dans la main gauche un sceptre à trois branches. Devant lui, les 5 hommes de tailles plus petites procèdent, sous sa surveillance à la pesée d’une matière blanchâtre, autour d’une balance à deux plateaux et fixée à un mat horizontal. Vêtus d’un pagne ou d’un tunique, deux d’entre eux surveillent le plateau de la balance le plus proche du Roi. Deux autres s’affairent à remplir un sac (peut être en osier). Enfin un cinquième, en arrière plan, porte sur son épaule le même sac et semble se diriger vers les deux hommes à droite.
Dans la partie basse, dit aussi exergue, deux hommes apportent des sacs, pour aller les déposer au coté de ceux déjà entreposé. Enfin un troisième homme, accroupis et marqué par aucun détail anatomique, nous laissant penser qu’il doit être enveloppé dans un tissu, surveille les deux autres.
On compte également de nombreuses représentations animales, toutes situées dans la partie haute Sous le trône du Roi un guépard reconnaissable à ses taches est couché. La présence d’un collier nous montre qu’il est apprivoisé. Un gecko, derrière le roi, cour sur un mur. Sur le mat est perché un singe encadré par deux milans (rapace), alors qu’un troisième s’apprête à se poser. Enfin une grue est prêt à traverser la scène de part et d’autre, tenant entre ses pattes le produit de sa chasse.
Plusieurs inscriptions, suivant la pratique archaïque, ont été peintes au dessus ou près des personnages, tel des légendes indiquant le nom ou la fonction de ceux çi. Sur les neuf inscriptions n’en reste que 8, celle de l’homme au centre de l’exergue ayant presque disparue.
Ainsi dans la partie haute écrit en caractère laconien lis ton de gauche à droite : Αρχεσιλας, [Ί]σόφορτος (Isophortos), [στ]αθμός (stathmos), [Ε]ίρμοφόρτος (Eirmophortos), Όρυξό[ς] (Oruxos), et Σλιφόμαχος (Sliphomaxos).
Dans la partie basse on lit φυλαχοσ (Phulaxos) et les quatres lettre MAEN.

Il est clair que les deux parties appartiennent à la même scène narrative. Nous sommes en présence d’une scène représentant Akésilas (I ou II là encore les avis divergent), monarque du royaume cyrénaïque (Est de l’actuel Libye) une colonie africaine fondée vers 630 par les laconiens venus de Thera. Le roi assis sur son trône, protégé par une toile du soleil, veille à la pesée de la matière blanchâtre, que certains historiens interprètent comme étant du coton, d’autre de la laine d’autre enfin du silphion (une plante très prisées à l’époque et dont on sait que le Roi possédait le monopole). Certains historiens situent la scène sur un bateau marchand, où le roi, installés sur le pont, assisterait au chargement de la cargaison, pesée sous ses yeux, puis empaquetée et descendue en cale, la balance étant fixé à une vergue, et la toile étant en réalité la voile du navire. Selon cette interprétation, nous serions en présence d’une illustration du contrôle exercés par l’autorité royale, sur le commerce extérieur de Cyrène. Cependant le gecko apporte une autre interprétation. La scène se situerait en intérieur, dans ce cas, le gecko courrait sur un mur et non dans les airs. Théorie, renforcée par la présence de la courbe dans l’exergue qui symboliserait une cave, peut être même celle de l’Agora de Cyrène (sous le portique d’Auguste).
Peu importe le lieu, la scène reste la même et il faut dire que les inscriptions nous renseignent beaucoup étant des noms parlants ou des calembours. Le roi donc, surveille la pesée, et les deux fonctionnaires les plus proches de lui sont en réalité le « poids égal » et le « préposé à la balance », le premier étant chargé de la bonne mesure (et peut être de noter son poids si l’on considère qu’il tient un stylet dans la main). Après quoi, le « manipulateur du silphion » aidé du « déterreur » remplissent les paniers que leur apporte le « porteur de vannerie », qui sont ensuite mené à l’entrepôts par les deux porteurs, sous la surveillance d’un gardien.


Nous sommes donc en présence, d’une scène de la vie quotidienne mercantile de Cyrène, à une date précédant de peu le milieu du VIe siècle, et où l’on constate l’intervention du pouvoir monarchique dans l’économie de l’époque.
D’inspiration corinthienne, mais moins soigné, nous sommes face à un tableau vivant pris en instantané, mais présenté un peu trop sur un plan unique. Ce vase, a posé la théorie (avec le vase de Kyrène luttant avec un lion) que les vases laconiens étaient produits en Cyrénaïque, mais qui fut corrigé par les fouilles, la stratigraphie apparente et les styles mis à jour dans le sanctuaire d’Arthémis Orthia à Sparte.
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