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 Image du Saint et Forme de Sainteté

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glorendhel
Maitre de Guilde
glorendhel
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   Posté le 28-03-2005 à 15:06:15   Voir le profil de glorendhel (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à glorendhel   

L’image au XIIIème siècle est essentiellement religieuse. On en distingue de deux types : l’imago, c'est-à-dire la représentation de l’objet ou de la personne seule, et l’historia qui se veut narrative et peu contenir plusieurs « images ». La scène historiée se développe au IVème siècle alors que l’Empire se christianise, que les bâtiments religieux s’élèvent un peu partout. Très tôt va apparaître des différances entre occident et orient. C’est en Orient qu’apparaissent les premières justifications de l’image. Au VIème siècle on admet en Orient qu’un lien se forme entre l’image (hypostase ou forme) et la divinité (prototype) laissant apparaître les début du « culte des images » de l’orthodoxie. En Occident en revanche on distingue nettement hypostase et prototype, l’image n’étant qu’une représentation formelle. Dans une lettre de Grégoire le Grand (v. 600) adressée à l’évêque Serenus de Marseille, le pape condamne l’iconoclasme de l’évêque et rappel qu’en Occident l’image à une fonction pédagogique et non cultuelle : "L'art de la peinture est utilisé dans les églises pour que ceux qui ne savent pas lire apprennent sur les murs ce qu'ils ne peuvent apprendre dans les livres" (Reg. IX, 208). Il sagit du premier texte explicitant la position de l’église d’occident vis-à-vis de l’image, et sera pris comme une règle de foi et de la doctrine chrétienne dans le droit canon.
Par la suite Bede « le vénérable » (673-735) dans son traité « Au sujet du Temple de Salomon », argument en ce sens rappelant que l’image est une « lecture vivante du Seigneur », et qu’elle peut susciter la componction, l’émotion religieuse qui pousserait pousser le fidèle à prier.
L’erreur survenue suite au Concile de Nicée de 787, dans la traduction du compte rendu du concile sera le prétexte attendue par Charlemagne, pour préparer son Empire. Les livres carolins, vont définir la position de l’Occident par rapport à l’image. Tout en rappelant la lettre de Grégoire le Grand, ils lui apportent une dimension nouvelle : L’image doit être ornementale, agréable, afin de susciter la mémoire, le souvenir de la scène représenté. Les livres carolins distinguent bien l’imago et l’historia. L’historia peut être discutée en terme de vrai et de faux, ce qui pour les carolingiens peut avoir une fonction didactique, alors que l’imago ne propose rien mais peut émouvoir et amener le fidèle à prier. Ainsi au Xème siècle y a-t-il des deux types d’image, chacune ayant une fonction propre. Mais les reliques est la croix quant à elles se rapproche de l’iconodoule d’Orient, car sa vénération peut mener au prototype. Mais dès le XIIème, XIIIème siècle, avec la réapparition de l’image en trois dimensions, des statues reliquaires et de la statuaire, les statuts de l’image et de la relique vont se confondre. Désormais l’objet d’art religieux est « Bible de Pierre » pour ceux qui n’auraient accès aux textes. Hugues de Fouillot (XIIème s.) nous dit, "il sera permis aux religieux qui vivent dans les villes ou dans les bourgs et qui voient accourir auprès d'eux la multitude des fidèles, de retenir par le charme de la peinture ceux qui ne peuvent profiter des subtils enseignements de l'Écriture". Et saint Bernard lui même admet que "l'art est un aliment pour la piété du pauvre peuple" (Apologia CXII). L’iconographie leur enseigne les Saintes Ecriture, le récit de la vie du Christ et par l'exemple des saints, les guidant ainsi dans leur vie spirituelle. L’image à donc une place importante dans un Moyen Âge où l'écrit ne touche qu'une faible partie de la population. Mais pour que le message soit compris, encore faut-il qu'il soit lisible par fidèle. L'image obéit donc à un certain nombre de codes dont la symbolique, qui n'évolue guère du Xème au XVème siècle, sera balayée dès le début de la Renaissance

Codes et attributs des Saints

La compréhension du message passé par l’objet commence par l’étude des codes et des signes. Ceux çi peuvent varier selon le destinataire de l’image. Ainsi par exemple si l’image est destinée à être affichée ou exposée dans une église pour le commun du peuple, les codes seront faciles à comprendre, voir évident. Le message sera simple n’excluant pas l’expression d’une théologie solide. Par exemple le « dragon » du retable de St Michel, de couleur sombre, au visage affreux, déformés peut être très facilement interprété comme un démon, le diable, le mal. L’évêque, le prêtre de la paroisse peuvent également apprendre au lecteur les différents symboles, que l’on peu retrouver très fréquemment : Chiffre trois pour la Trinité, les auréoles qui peuvent être étoilées, rayonnantes, circulaires, carrées, triangulaires, la palme pour le martyre, le lys pour la pureté et l’innocence… A l’inverse les miniatures de manuscrits destinés à la lecture des moines, ont un message plus complexe.
Les attributs quand à eux permettent ils permettent d’identifier le personnage, la mitre d’un évêque, la crosse d’un pape, la palme d’un martyre, l’auréole d’un saint. D'autres attributs font allusion à l'histoire personnelle d'un saint. Ainsi par exemple, sur la Chasse Saint Pierre tient dans ses mains des clefs qui figurent l'institution de l'Église par le Christ, Sainte Agathe sur le retable de Saint Jean Baptiste est identifiable par la tenaille qui lui arracha les seins, (ils sont parfois posés sur un plateau), ou encore comme Saint Barthélémy tenant le couteau qui l’égorgea et Saint Jaques à la coiffe décorée d’un coquillage


Forme et espace de la Sainteté

Le réalisme n’est pas recherché, l’essentiel étant que soit correctement interprété le sens du message, au-delà du récit illustré. Jusqu’au XVème siècle époque à laquelle on se souciera des perspectives, la taille et la position du personnage dans l’espace ne traduit pas une réalité physique mais une hiérarchie sociale ou spirituelle. Ainsi toujours dans le retable de Saint-michel, tout en haut au centre se tient le christ crucifié. De même, la toile du miracle de Saint Louis par un anonyme siennois, le Saint se trouve au dessus de tout les autres personnages, ou bien encore sur la chasse de Saint Commode, les anges dominent le Christ-Homme, et lui ouvrent le chemin vers le Ciel, vers Dieu. La situation par rapport au centre de l'image ou au personnage principal a aussi son sens : la place valorisante est à droite. Ainsi sur la chasse, Marie, les deux mains posées sur le ventre qui porta le fils de Dieu, est clairement mise à l’honneur. La gauche ("sinistre" en latin) a souvent une consonance négative. Cependant, dans les scènes narratives, la situation peut traduire tout simplement la succession des épisodes, généralement de gauche à droite du point de vue de l'observateur comme ont peut l’observer sur la chasse de Saint Commode qui nous raconte sous forme de « bulle » à la manière des bande dessinée le calvaire du Saint et la passion du Christ. La position de face est très valorisante, ainsi le sont donc Saint Commode et Saint Simon, sur les cotés de la chasse. Enfin la position de trois quarts se veut neutre
Au niveau des lignes, dès le XVème siècle on constate également que celles çi participe au message. Ainsi par exemple on constate dans le tableau des « Funérailles de St Augustin » une ligne descente négative, formé par les regards, les bras, les tissus, et qui se termine sur le visage du défunt ; et qui vient renforcer le caractère tragique de l’historia. La division tripartite formées par les deux colonnes, à également son sens, la colonnes étant symbolisant le lien entre la terre et ciel, le matériel terrestre et le spirituel céleste. De même le tableau relatant le miracle de Saint Louis de Toulouse, quand à lui suit une ligne ascendante positive qui se termine par lui, auréolé de rayons et sur le nuage symbole lui aussi de ce qui sépare le ciel et la terre. Sur la même toile la porte, qui occupe le tiers central de la partie supérieur du tableau symbolise la mort et le départ pour un nouveau monde, soit le thème principal de l’historia. L’apparition du saint la tien fermée, et la jeune fille allongée sur le brancard peut alors se relever.



Ainsi pour conclure l’analyse iconographique et iconologique des images saintes du Moyen Age apportèrent une transcription imagée d'une légende compréhensible par tous et la matérialisation visuelle d'une dévotion et d'un discours, au moyen de la symbolique. Elles permirent l’enseignement des Saintes Ecritures et furent un moyen de vulgariser celle çi et de les rendre accessibles à tous, participant ainsi à l’effort de christianisation et la ferveurs dévotionnelles. L’image sainte connue des évolutions nettes tout au long du Moyen Age, suivant les aspirations dévotionnelles et artistiques.
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