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 Métèques et esclaves à Athènes

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Maitre de Guilde
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   Posté le 16-12-2004 à 19:07:58   Voir le profil de glorendhel (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à glorendhel   

Métèques et esclaves à Athènes

Par F.S



Etudes sur:
Pseudo Xénophon, Constitution des Athéniens, I, 10-13
Thucydide, Histoire de la guerre du péloponèse, VII, 63, 3-4


Introduction


Ce document est constitué de deux textes. Le premier est issu de la littérature pamphlétaire grecque du Ve s. av. J.C et est extrait de la République des Athéniens aussi appelée Constitution des Athéniens. Cet ouvrage est constitué de trois chapitres, les deux 1ers étant divisés en vingt paragraphes quand au dernier en treize. L’extrait qui nous intéresse aujourd’hui est constitué des paragraphes 10 à 13 du chapitre 1er.
La Constitution des Athéniens nous est parvenue jointe aux opuscules de l’aristocrate Xénophon (430-355) et c’est pour cette raison qu’on lui en a pendant un temps attribué la paternité. Or il s’est avéré que cette Constitution n’était pas de son fait, et c’est pourquoi aujourd’hui nous préférons la nomination de « Pseudo Xénophon » pour désigner son auteur. Tout ce qu’on peut savoir de celui-ci doit se déduire du texte. Nous devons la dénomination de « Vieil Oligarque » à Claudine Leduc dans son ouvrage La constitution d’Athènes attribuée à Xénophon paru en 1976 (réédité en 1989). La critique des aristocrates favorables à la démocratie qui en est faite nous permettrait de dater ce texte dans les années qui suivirent la mort de Périclès (429) et l’arrivée en politique des démagogues tel qu’Alcibiade. D’autres théories posent l’hypothèse d’une écriture entre deux coups d’Etat oligarchique, soit entre 409 et 404. Enfin, certain l’attribue à Critias, un des chef de file des « Trente Tyrans » de 404.
L’auteur dans les paragraphes que nous avons à analyser cherche à convaincre que la spécificité d’Athènes réside dans la confusion entre citoyen et non citoyen, discours qui devait très certainement à l’époque provoquer une réaction forte chez le lecteur. Pamphlet adroit et virulent il convient toute fois de préciser, que dans la réalité la situation institutionnelle ne correspond pas au tableau dressé par le Vieil Oligarque, ni pour les esclaves, ni pour les métèques.
Le deuxième texte quand a lui, est extrait de l’œuvre monumentale de Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse. Aux paragraphes 3 et 4 du chapitre 63 du VIIème livre, Thucydide nous rapporte le discours du stratège Nicias (mort en 413) prononcé en 413 vers la fin de l’expédition de Sicile.
Par les dates qui nous sont données, ces textes se situent à des moments charnières de la Guerre du Péloponnèse. Les années 431 à 429, recouvrent plusieurs évènements majeurs du conflit. C’est l’époque où l’Attique est ravagée par Spartes, où les Athéniens se replient derrière les murs du Pirée puis l’épidémie qui s’en suivie, et la mort de Périclès en 429. Autant dire qu’on se situe dans une période d’instabilité, de conflits, et de doutes. Quand à l’année 413, elle est marquée par l’expédition de Sicile et les difficultés rencontrées par l’armée athénienne que nous connaissons.
Ainsi ces deux textes s’inscrivent tout deux dans une période de conflit, l’un au début de celle ci, l’autre la clôturant. Tout deux abordant la thématique du non citoyen à Athènes et sa place dans la société, il est donc intéressant de mesurer les mutations opérées dans le discours des Athéniens sur la place des métèques et des esclaves au fil de la Guerre du Péloponnèse et de chercher la justification d’un tel changement. Notre analyse suivra donc ces deux fils conducteurs, en se penchant d’abord sur la place de chacun d’eux dans la cité pour ensuite les confronter à l’état de guerre qui marqua Athènes pendant ces années.



I. Les non citoyens dans la vie citadine


Métèques et esclaves vivent tout deux aux cotés du citoyen, et ont chacun dans la cité une place et un rôle qui leur est attribués.

A. Des esclaves au service de leurs maîtres

La condition servile à Athènes, y est clairement définie, mais la définition que nous pouvons déduire du discours de Pseudo-Xénophon est à nuancer.


a) Une définition à nuancer

Bien qu’on reconnaisse à Athènes, qu’il s’agissait d’un homme (antropos), l’esclave était avant tout, un bien (ktêma) sur lequel on pouvait exercer son droit de propriété. On peut en distinguer de deux types. Le premier est celui qui dépendait d’un propriétaire privé (le despotès) qui pouvait être n’importe quelle personne libre résidant dans la cité. Le deuxième est l’esclave public (demosoï) qui était la propriété du peuple et sur lequel de manière collective on pouvait exercer ce droit de propriété. Tous ne possédaient aucune personnalité juridique, et ils n’étaient recensés que dans l’inventaire des biens de la famille à laquelle ils appartenaient.
En ce qui concerne leur droit Pseudo Xénophon nous apprend à la ligne 2 qu’ « on y a pas le droit de les frapper ». Cela était vrai, mais l’argument qu’il apporte pour expliquer une telle tenue, nous parait quelque peu hasardeux ou du moins propre à choquer les esprits de l’époque. D’un point de vue moins engagé que le « Vieil Oligarque », nous pourrions soumettre l’hypothèse qu’il s’agissait plus d’un soucis de ne pas s’attirer la colère des dieux par des actes d’outrance (hubris) tel que la castration ou les coups et blessures injustifiés. Pour comprendre cette crainte de la divinité, jugeant le comportement des maîtres sur leurs esclaves, nous devons avoir en mémoire l’importance des Dieux Domestiques au sein des foyers athéniens. Ainsi lorsqu’un esclave entrait au service d’une nouvelle famille, il était accueilli, tout comme la nouvelle épouse, par une aspersion de noix et de fruits, symbole de prospérité. Puis il était conduit au sein de l’enceinte sacré de la maison (herchos) afin d’y toucher l’Eau Lustrale et le Feu Sacré. Il entrait ainsi au même titre que tout ceux qui habitaient dans la maison, sous la protection des Dieux domestiques et des ancêtres. D’autre part il faut savoir qu’à Athènes la loi condamnait les actes de violence en règle générale, d’où les mots « si la loi autorisait » ligne 3.
Selon Pseudo Xénophon à la ligne 16, les esclaves jouiraient de « la même franchise de parole » que les hommes libres. Ce droit à la parole, ou iségoria renvois à l’égalité de celle si, dans le sens où la voix du pauvre vaut celle du riche, notion qui était un des piliers de la démocratie. Toute fois l’interprétation qui en est faite par Pseudo Xénophon est à nuancer. En effet le terme d’iségoria avait pour sphère d’application les assemblées et le cadre juridique. Hors puisque l’accès aux assemblées était refusé aux non citoyens cette « franchise de parole » évoquée par le « Vieil Oligarque » est à étudier dans le cadre juridique. Nous savons que les esclaves ne possédaient pas l’initiative (ester) d’une procédure en justice, c’étaient leur maître ou le prostatès qui les représentaient devant les tribunaux. Il y avait toutefois exception en ce qui concerne les dénonciations de traître à la cité, ou les sacrilèges, comme ce fut le cas en 415 dans l’affaire de la parodie des Mystères. Dans ces cas, leur témoignage était recevable. Mais il faut savoir que la pratique de la torture en matière de justice, était chose réelle dans la mesure où l’on suspectait la véracité du témoignage. Ainsi progressivement en était on venu à penser à l’époque au sein des masses populaires, que l’action exercée par la torture sur le corps d’un esclave permettait de restituer le fait tel qu’il en avait été le témoin. Et c’est de cette manière que la « franchise de parole » leur fut accordée, et non pour les raisons qu’évoque Pseudo Xénophon. Certain hommes libres pouvaient être soumis à cette torture et ce n’est que la qualité de citoyen qui leurs permettaient d’échapper à ce mode de témoignage. On comprend mieux dans ce cas, la juxtaposition des termes « l’esclaves, le métèques ou l’affranchi » à la ligne 4 dans l’argumentation du « Vieil Oligarque »


Ainsi après avoir éclairé certain point dans la définition de l’esclave qui nous est donnée dans ces textes, nous pouvons désormais nous pencher d’avantage sur la place qu’ils tenaient au Vème siècle au sein de la cité.

b) Rôles et mutations.

Pseudo-Xénophon nous apporte de nombreux éléments sur la place qu’occupaient les esclaves à Athènes et le rôle qui y jouaient.
En effet est il écrit aux lignes 7 et 8 que les Athéniens, laissent « les esclaves, vivre dans le luxe » et « quelques-uns même mener un train magnifique ». Ces deux évocations sont à étudier ensemble.
En effet, nous savons que la conditions servile ne leur donnait pas droit à un salaire. Toutefois il est vrai que les esclaves publics touchaient de l’Etat une indemnité de nourriture (trophè), cependant celle ci suffisait juste à assurer leur pitance lors des chantiers publics. Quand aux esclaves privés le fruit de leur travail était reversé dans son intégralité au maître en contrepartie duquel, celui ci assurait leur entretien. Il arrivait parfois, que le maître leur accorde une « prime » exceptionnelle pour leur travail. Par ailleurs il arrivait également que le maître, parce que ses obligations politiques l’y contraignait, ou parce que le nombre d’esclave qu’il possédait devenait important, soit obligé de nommer une intendante chargée de superviser les affaires domestiques, et un régisseur (épistropos) veillant aux affaires économiques du maîtres. Tel fut le rôle joué par un certain esclave nommé Evangelos, régisseur de la maison de Périclès. Dans notre exemple celui ci avait pour charge de vendre les récoltes de l’année. C’est en cela que les esclaves pouvaient percevoir les redevances qui sont faites mention à la ligne 10-11. Mais cela ne vient pas expliquer le luxe dans lequel vivraient certains esclaves ni expliquer le train de vie magnifique qu’ils mèneraient selon le Vieil Oligarque.
D’autre part Pseudo Xénophon nous dit à la ligne 11 qu’ils étaient « obligé de leur laisser la liberté ». Il est possible qu’il évoque par ces mots, les cas où les esclaves avaient reçu de leur maître l’autorisation de travailler pour leur propre compte et même de vivre séparément de la maison. Ces esclaves sont appelés « chôris oïkountés », littéralement « ceux qui vivent à part ». Ceux-ci en échange devaient s’acquitter auprès de leur maître d’une redevance (apophora) dont le montant variait selon les compétences et les gains de l’esclave. Ainsi en est on venu progressivement à former d’avantage les esclaves, afin que la redevance versée soient plus grande. C’est peut être cela que Pseudo-Xénophon vient à critiquer aux ligne 7 et 8 c’est à dire l’évolution des formes d’exploitation servile sans que ne soient changer le statut des esclaves.

B. Le métèque : un acteur de la cité


Tout comme les esclaves, vivaient aux cotés des citoyens, des étrangers venus s’installer dans la cité.

a) Une définition complexe.

Définir le sens du mot métèque peut être difficile, toutefois nous pourrions dire simplement que le métèque est un étranger domicilié dans la cité, pour une durée plus ou moins longue, parfois de manière définitive qu’il est libre et non citoyen. Celui çi est autorisé à rejoindre la cité et à s’y établir après concertation et autorisation de l’assemblée des citoyens.
Le terme de métèque est généralement interprété comme signifiant « Celui qui vit avec » (sous entendu avec le citoyen). D'un point de vue éthymologique « meta » signifie en grec « avec » et « oikein » signifie « habiter, résider ». Une seconde interprétation du terme de métèque nous explique que « méta » impliquerait le « changement » et « oikos » au terme oikèsis, « la demeure ». Soit au final « celui qui a changé de résidence ». Cette double définition à conduit progressivement à désigner par le terme de métèque autant les affranchis que les étrangers venus s’installer dans la cité, ce qui pourrait expliquer que Pseudo-Xénophon distingue l’homme libre du métèque aux lignes 6 et 7. Selon certains historiens l’utilisation du terme de métèque, peut révéler selon le cas auquel il était employé par les Athéniens une distinction entre celui qui est associé à la ville, et celui qui participe à la ville (utilisation du datif locatif introduit parfois par la préposition « en » ). Toute fois Thucydide nous apprend à la ligne 2 qu’il sont « considérés comme des Athéniens », et à la ligne 3-4 que leur langue et leur manière sont les même. Peut on donc en déduire une distinction entre leur statut et leur rôle au sein de la cité sachant que pour les Athéniens, il existait deux stéréotypes du métèque, le mauvais comme le bon (Parthénopée dans Les Sept contre Thèbes). Le bon métèque ne devant pas se montrer comme un parvenu, devant être réservé, faire preuve de sens civique et avoir des mœurs irréprochables.

b) Le rôle du métèque dans la cité

Pour comprendre ce rôle il faut avoir en mémoire que la pensée Athénienne subit à cette époque de profonde mutation.
En effet à la ligne 20, le « Vieil Oligarque » nous apprend que s’adonner à la gymnastique et à la musique n’est plus le monopole de ceux exerçant le pouvoir, sous entendu venu de l’auteur, l’aristocratie. L’arrivée des sophistes bien que mal perçu par ceux hostile à toute nouveauté, est accueillie avec enthousiasme chez les jeunes auditeurs. L’apport de la dialectique, d’un enseignement pragmatique, va avoir pour conséquence, que ceux ayant appris à parler, à penser et à discuter comme un Athénien, deviennent à leur tour de véritables jouteurs capables de s’imposer dans la vie quotidienne, devant les tribunaux et les assemblées. Le métèque, disposant des outils nécessaire peut désormais exercer cette liberté de parole évoquée par Pseudo-Xénophon à la ligne 19, bien que celui çi y accorde une justification économique. Ces étrangers, ayant apportés les techniques propres à maîtriser le démos, se voient comme par exemple Protagoras, du fait que la rhétorique n’apparaissait pas encore dans les écoles, sollicités par les jeunes hommes qui moyennant finances recevaient leur enseignement. Ce clientélisme va avoir pour conséquence de remettre entre les mains une arme redoutable dans un système démocratique : l’art de persuader, alors que dans le même temps il va accroître le déséquilibre social entre ceux pouvant s’offrir cet enseignement et les autres, tandis que ces étrangers accroissent leur fortune personnelle. Ainsi de ce mutation opérée va s’en suivre un triomphe de l’individu armé de sa seul raison sur les impératif de l’Etat et de la tradition, accompagné d’un effondrement des distinctions arbitraires entre esclave et homme libre, citoyen et étranger. Cet individualisme et cette raison nous explique en partie la réflexion de Pseudo Xénophon à la ligne 28 lorsque celui si parlant du peuple nous dit qu’ « il s’inquiète moins de justice que de ses propres intérêt », se démarque alors par leur discours des métèques tel que Isée (420-353) ou Lysias (458-380).
Toute fois au coté de leur rôle social, il ne faut pas sous estimer le rôle économique des étrangers dans la cité. En effet à la ligne 17 l’auteur admet que « la cité besoin des métèques pour une foule de métier ». Il faut savoir que le métèque n’avait pas le droit de posséder de bien-fonds. Une faveur spéciale pouvait lui être accordée pour services rendus à la cité, l’enktésis, c'est-à-dire le droit de posséder de la terre et/ou une maison. Toutefois le décret qui accordait ce privilège limitait la valeur du bien foncier qu’il pouvait posséder. Encore une fois, distinguait on l’étranger qui agissait pour la cité et celui qui y résidait, le 1er se voyant accordé des privilèges citoyens. En revanche leur secteur d’activité regroupait plusieurs branches tel que le commerce maritime et artisanal, les services bancaires, le bâtiment. Se lançant parfois dans des affaires hasardeuses et y investissant généralement de grosse somme, en cas de réussite leur richesse était assuré tout comme d’une certaine manière leur prestige.
Au coté de ce rôle économique, les métèques participaient également à la vie culturelle de la cité. En effet contribuaient aux dépenses pour les liturgies les citoyens les plus riches de la cité. On distinguait les liturgies extraordinaires des temps de guerre, des liturgies ordinaires qui revenaient tous les ans et auxquelles étaient soumis citoyens et métèques en fonction de leurs revenus. Ces derniers pouvaient être nommé chorège (l.23) par l'archonte éponyme pour assurer le recrutement et l'entraînement des chœurs qui se produisaient dans les concours lyriques ou dramatiques. Autre rôle culturel qui pouvait lui être attribué : la gymnasiarchie. Le gymnasiarque (l.23) était un fonctionnaire du gymnase il était chargé de fournir l'huile, entretenir les locaux et veiller à la bonne marche de ceux si. Il était également chargé de l'organisation des concours et de la célébration des cultes du gymnase. Cette fonction, de par son coût s'apparente à une liturgie.
Ainsi de par son rôle social, économique et culturel le statut de métèque se rapproche un peu à celui de citoyen, et comme l’énonce Thucydide à la ligne 2 « être considérés comme des Athéniens »




II. Les non citoyens vis-à-vis de la guerre



Nous venons de voir que par certains aspects de leur activité esclaves et métèques se voyaient conférer une relative citoyenneté, bien que celle si soit dénuée de son sens juridique. Mais quand est il de leur place lorsque l’on sait que rôle civique et rôle militaire était étroitement lié à Athènes

A. Des esclaves aux cotés de leurs maîtres


Pseudo-Xénophon, qualifie l’ensemble des esclaves, à la ligne 10 de « cheptel humain ». Connotation péjorative, elle renvoie au droit de propriété que l’on peut exercer sur eux, de la même manière que le bétail, mais aussi à son caractère instrumental que les maîtres peuvent utiliser sans contrainte.
Toute fois puisque le monde la guerre ne les concerne pas ceux si n’ont aucun rôle à y jouer, et encore moins de se voir attribué le droit de porter une arme de peur que celle si ne se retourne contre les maîtres. Mais lorsque ces derniers se retrouvent enrôlés, il est naturel que l’esclave continue de jouer son rôle de serviteur. Se voient ils alors appelés « akolouthoi » c'est-à-dire « les suivants », ou quelques fois, « hypaspitai » c'est-à-dire « les portes-bouclier ». En revanche contrairement à l’esclave Lacédémonien, leur rôle restait le même car combattre l’ennemi restait du domaine des hommes libres.
Les deux textes ne se penchent pas plus sur la place des esclaves dans la guerre, toute fois il faut quand même noter que ceux çi participèrent aux coté des Athéniens à la Bataille de Marathon. Ce n’est que par une source tardive (IIème s.) que cette collaboration nous a été connu, alors que les discours officiels de l’époque se taisaient sur la question. Il serait intéressant de savoir si le Vieil Oligarque omis volontairement ce point alors que dans les faits il arrivait parfois que des esclaves soient embarqués à bord des trières, et que dans le même temps il évoque la participation des métèques à l’effort de guerre.

B. Le métèque défenseur de la cité ?

L’étude de la composition de l’armée Athénienne nous révèle que les métèques, qui bien que non citoyens, y avaient leur place et qu’au fil des année leur participation est devenue une nécessité.

a) Des « partenaires » dans l’effort de Guerre

A ce sujet Pseudo Xénophon nous apprend aux lignes 23 et 24 que vers 430 au début de la Guerre du Péloponnèse, le peuple « voient les riches (…) armer des trières ». La triérarchie était également une liturgie à laquelle pouvaient participer certains riches métèques. Cette charge avait pour fonction d’entretenir une trière déjà équipée. Le commandement militaire du bateau incombait au triérarque, qui devait également recruter l'équipage, armer le navire et l'entretenir, tandis que l'état fournissait la coque et payait l'équipage. Cette liturgie n'était en vigueur qu'en cas de guerre, mais sa charge était très lourde.
Certains métèques étaient présents dans les troupes de réserves, et affectés à la défense de rempart et des fortifications du territoire aux cotés des jeunes hommes et des citoyens les plus âgés. On comptait pour l’année 431 environ 4400 métèques servant dans la réserve, soit près de 7% des métèques athéniens mobilisables. Si l’on donne fois aux écrits de Thucydide notamment dans son livre II au chapitre 13, paragraphe 6-7, on estime le nombre de métèques utilisés comme hoplites à plus du tiers des hoplites mis sur pied par Athènes en 431. Nous savons aussi qu’en 431 lorsque Périclès envahit la Mégaride, des métèques se trouvaient aux cotés des citoyens Athéniens. Ainsi métèques et citoyens se côtoyaient dans l’effort de guerre d’où le rappel à la ligne 5-6 par Nicias de cette participation


b) Un besoin accru avec l’expédition de Sicile

Suite à l’appel lancé par Egeste aux athéniens afin que ceux çi viennent à leur secours contre Syracuse, et suite aux séduction d’Alcibiade la cité lance une expédition en Sicile, en 415.
Mais il faut savoir que depuis le début de la guerre du Péloponèse les pertes humaines s’élevaient chaque année à une moyenne de 1600 hommes, tout statuts confondu. La génération des gens nés entre 460 et 435 a connu une très forte mortalité, spécialement dans les classes inférieures. En atteste le faible taux de croissance qui s’en suit au début du IVe siècle. Ainsi selon la formule utilisée par les décrets, certains métèques obtenaient le privilège de « partir en campagne avec les citoyens », ils constituaient donc un important réservoir humain pour la guerre. Toute fois il ne faut pas surestimer leur place dans l’armée à cette époque, celle çi étant généralement limité à celle de rameur aux cotés des athéniens et des alliés. Il semblerait selon l’analyse de certains historiens que Thucydide ait eue des difficultés pour distinguer nettement les rameurs étrangers, résidant en Attique depuis longtemps et qui sont les métèques, et d’autre part, les alliés d’Athènes eux aussi rameur, d’où les mots de Nicias dans son appel aux lignes 2-3 « considérés comme des Athéniens alors même que vous ne l’êtes pas »
Malheureusement la participation des métèque n’empêche pas la lugubre défaite de l’Assinaros en 413 et la perte de presque tous les soldats en expédition.


Conclusion


Ainsi pour conclure, nous pouvons dire, que bien que définissant la condition de métèque et d’esclave à Athènes au cours de la guerre du Péloponèse, cette définition est à nuancer dans le sens ou Pseudo-Xénophon et Nicias, dans ces deux textes y tiennent un discours engagé ou intéressé. Il convient donc de rappeler la réalité. Si leur statut est clairement défini d’un point de vu juridique, définition somme tous très réductrice, du fait des contraintes et obligation qu’elle apporte ; il est important de souligner que dans la pratique que le rôle qu’ils jouaient dans la cité était important ; et que de ce fait s’il n’était pas citoyens ils étaient quand même des rouages indispensable dans le fonctionnement d’Athènes.
Il ne faut pas oublier que le cas d’Athènes était singulier et que métèques et esclaves avaient un tout autre statut au sein des autres cités grecques comme à Spartes par exemple.
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